Un de nos membres a aimé : "Tous tes enfants dispersés" de Beata Umubyeyi Mairesse
1994. Même si l'action se déroule sur les quelques dizaines d'années de l'avant et après
génocide.
L'auteure, Beata Umubyeyi Mairesse, est née à Butare au Rwanda en 1979, Elle a quinze
ans lors du génocide des Tutsi. Dans ce livre, elle fait parler tour à tour ses trois
personnages. C' l'histoire récente du Rwanda -les guerres civiles, le génocide des
Tutsi- qui les relie. L'on perçoit donc ces événements de points de vue différents,
chacun des trois personnages les ayant vécus de manière différente. En 1994, juste avant les terribles événements rwandais, Immaculata envoie sa fille Blanche en France. Elle espère pour celle-ci une vie plus occidentale, loin de la guerre.
Si Blanche n'en oublie pas ses racines, c'est cependant en France qu'elle grandit et fait
ses études. L'éloignement de son pays natal et des siens, ainsi que les non-dits, les
secrets et surtout les silences, appuieront davantage le rejet dont Blanche s'est toujours
sentie victime. C'est en France que nait son fils Stockely. Blanche revient au Rwanda
auprès de sa mère, Immaculata, elle espère pouvoir enfin entendre la voix de cette
maman si secrète. C'est une forme de dialogue silencieux qui se met en place, alternant
les points de vue de Blanche, d'Immaculata et de Stockely.
A travers la vie de trois personnes, ce roman raconte comment guerres civiles et
génocide ont impacté les liens des membres d'une famille. Au fil des pages, grâce aux
allers-retours entre passé et présent, ici et là-bas, les maux, les rancœurs
s'estomperont, la famille pourra, enfin, se réapprendre. "Une famille qui ne se parle pas
est une famille qui meurt" dit un proverbe rwandais.
Beata raconte les guerres, le génocide, et les drames familiaux, visiblement en
connaissance de cause. C'est fort, c'est intense, parfois douloureux, tant par les
événements que par les relations entre les protagonistes.
Si vous avez aimé "Petit pays" (Gaël Faye), ce livre vous plaira certainement. Ce très
beau roman, d'une belle écriture, où tout est dans l'émotion et le ressenti, m'a permis de
découvrir un peu plus non pas le Rwanda mais bien les Rwandaises et Rwandais. Il fut
un beau cadeau. « Il y a des livres, comme celui-ci, qui se reçoivent comme une
offrande et se savourent, davantage qu'ils ne se racontent ».
